HEBDO SEPIA

📈 L’Hebdo SEPIA semaine #12

  • Nouvelle hausse des taux de la BCE de +0,5%

La Banque centrale européenne a annoncé ce jeudi 16 mars 2023 qu’elle relevait à nouveau ses taux directeurs, de 0,5 %, s’en tenant à son projet de durcir encore la politique monétaire pour lutter contre l’inflation, malgré les turbulences affectant le secteur bancaire. Mais « Le secteur bancaire de la zone euro est résilient et dispose de positions de capital et de liquidités solides », assure la BCE. Selon la BCE, la zone euro devrait connaître une inflation moins élevée et une croissance plus forte que prévu en 2023, sur fond d’accalmie des prix de l’énergie et de « meilleure résistance de l’économie » face à « l’environnement international difficile ». L’inflation devrait atteindre 5,3 % en 2023, contre 6,3 % prévu fin décembre, puis 2,9 % en 2024 et 2,1 % en 2025. La zone euro devrait par ailleurs connaître une croissance de son PIB de 1,0 % cette année, contre 0,5 % prévu auparavant, avant 1,6 % en 2024 et 2025.

  • Un système bancaire fragilisé 

Si les mesures des autorités américaines et les assurances des gouvernements européens sur la solidité du système bancaire ont pu stabiliser un peu les marchés, la tendance demeure fragile et les investisseurs n’excluent pas d’autres défaillances, y compris de banques systémiques comme le Crédit Suisse. Au-delà des caractéristiques et des erreurs de gestion spécifiques de ces banques, la conjonction de la montée très rapide des taux d’intérêt et de la sensible diminution du bilan des banques centrales qui ont fait baisser, dans les bilans bancaires, la part des liquidités, est susceptible de fragiliser le système financier mondial. Dans un effet domino, les valeurs bancaires européennes se sont effondrées cette semaine de plus de 12% pour Deutsche Bank, Commerzbank (-19,51%), Société Générale (-16,81%), BNP Paribas (-14,11%), Banco Sabadell (-19,33%) et Banca Monte dei Paschi (-17,48%). Aux Etats-Unis aussi, les acteurs de taille moyenne et les banques régionales étaient touchées, notamment les californiennes First Republic (-32,80% seulement dans la journée de vendredi) et PacWest (-18,95 vendredi aussi).

  • Volatilité historique des taux obligataires

Les marchés obligataires ont connu la semaine la plus volatile des 40 dernières années (depuis 1981), avec des écarts allant jusqu’à 100Pts en quelques heures sur les taux courts et de 60Pts sur les taux longs : du jamais vu. Les taux obligataires ont énormément reculé depuis la fin de la semaine dernière, de l’ordre de -0,50% sur l’OAT 10 ans, le choc bancaire ayant changé la perception des investisseurs sur les prochains choix de politique monétaire que devraient faire les banques centrales, alors même que l’inflation américaine, tout comme l’activité, poursuivent leur décrue, mais restent encore à des niveaux élevés. Les T-Bonds US 2033 se détendent eux aussi de -20Pts à 3,385%, et de -30Pts sur la semaine. Cette forte décrue est bien plus révélatrice d’un profond malaise sur les marchés que précurseur d’une période favorable parce que les taux rebaissent.

🗓️ Le dossier de la semaine : les réponses aux questions que soulève la crise bancaire actuelle

La Bourse de Paris a limité ses pertes à 4 % sur la semaine écoulée après avoir traversé la plus importante crise bancaire mondiale depuis 2008. Christine Lagarde et les ministres des finances de l’Union Européennes se veulent néanmoins rassurantes mais difficile de ne pas s’inquiéter du risque de contagion. Il y a d’abord eu la débâcle de la Silicon Valley Bank et de Signature Bank, respectivement la 2ème et la 3ème plus importante faillite bancaire de l’histoire américaine. Puis le vent de panique causé par les déboires de Crédit Suisse, l’une des quelques banques jugées d’une importance systémique au niveau mondial. 

Vous devez vous poser plein de questions alors je vais tenter de répondre à certaines d’entre elles. 

  • C’est la faute de qui ?

Il est difficile de pointer un seul coupable mais une chose est certaine : les banques centrales ont joué un rôle en maintenant les taux trop bas pendant trop longtemps et ont aggravé cette erreur en augmentant les taux trop vite. Les dirigeants de la Silicon Valley Bank méritent également beaucoup de reproches. Ils ont mal géré leur risque de taux d’intérêt et de liquidité, ils avaient un ensemble concentré de clients et ces clients se sont tous précipités vers les portes de sortie possibles, en même temps. 

  • Les banques centrales ont-elles fini d’augmenter leur taux ? 

Il est étonnant de constater à quelle vitesse l’inflation est passée du statut de préoccupation majeure à préoccupation de second plan. Les banques centrales ont toujours la stabilité des prix comme objectif et la guerre contre l’inflation est loin d’être terminée. Mais elle a été mise rapidement au second plan ces derniers jours. C’est pour moi une erreur. Rappelons-nous de l’échec de Continental Illinois au début des années 1980. 

La faillite de la Continental Illinois National Bank est l’une des plus grandes faillites bancaires de l’histoire des États-Unis. Elle s’est produite en 1984, lorsque la banque a subi de lourdes pertes liées à des prêts à risque dans le secteur de l’énergie. La banque a été sauvée de la faillite par une intervention du gouvernement américain, qui a fourni des fonds pour recapitaliser la banque et éviter un effondrement financier majeur. Cette intervention a été controversée, car elle a été considérée comme une forme de sauvetage too big to fail, « trop grande pour échouer », et a soulevé des préoccupations quant à l’influence du gouvernement sur le secteur bancaire. C’est l’échec de Continental Illinois au début des années 1980 qui a fait comprendre à la Fed dirigée par Paul Volcker qu’elle était probablement allée trop loin avec des hausses de taux.

  • Pourquoi les taux d’intérêt s’effondrent-ils ? 

Les taux chutent de partout (cf le point 3 des news qui ont fait bouger les marchés cette semaine). Cela pourrait être un signal de la part du marché obligataire que la Fed aurait terminé son resserrement (et pourrait même devoir réduire les taux s’il y a plus de problèmes bancaires). Il y a aussi un élément de fuite vers la sécurité, ce qui devrait être un signe bienvenu pour les investisseurs obligataires après la chute des titres à revenu fixe l’année dernière. Dans le pire des cas, le marché obligataire semble prédire de nouvelles difficultés dans le secteur financier et l’économie. Mais tout cela s’est passé si vite que le marché obligataire lui-même n’en est probablement pas certain. La confusion règne. 

  • Une crise bancaire peut-elle faire monter la Bourse ? 

Vous avez bien lu. Je me demande ici si une crise bancaire pourrait provoquer une hausse des marchés boursiers, mais c’est une possibilité bien réelle. Une perte de confiance dans le système financier est presque toujours déflationniste. Si cela amène les banques centrales à ralentir leurs hausses de taux d’intérêt et entraîne un ralentissement de l’inflation, nous pourrions nous préparer à un rallye boursier. Comme toujours, c’est loin d’être garanti, mais c’est fou de penser à quel point le monde a changé au cours de la semaine dernière.

  • Votre argent est-il en sécurité ? 

C’est une question à laquelle beaucoup de gens ne pensaient pas devoir s’inquiéter jusqu’à ces derniers jours. En mettant de côté les règles actuellement en place et vos sentiments personnels sur l’aléa moral, il est difficile de penser que les régulateurs et les politiciens laisseraient un jour volontairement le système bancaire s’effondrer. Si vous possédez des actions, des obligations, des fonds communs de placement ou des ETF, aucune institution financière ne peut les utiliser en votre nom. Si Vanguard ou Axa ou Blackrock s’effondrent demain pour une raison quelconque, vous possédez toujours vos titres. Ils les stockent simplement pour vous. Si vous êtes assis sur beaucoup d’argent, vous devrez peut-être être plus attentif à l’endroit où réside cet argent et à la façon dont c’est géré. Enfin, les épargnants bénéficient d’un filet de sécurité jusqu’à 100 000 euros garantis en cas de faillite de leur banque.

  • Pourquoi le bitcoin profite de la crise bancaire ?

Le bitcoin s’envole pendant que les banques angoissent. Après l’ « hiver des cryptos » qui a fait chuter son cours de plus de 64% en 2022, pénalisé par la fin de « l’helicopter money » et la fin du risque, le bitcoin s’échangeait dimanche 19 mars à près de 27.000 dollars l’unité (+64% depuis le début de l’année). De quoi faire démentir les pronostics des banques centrales qui envisageaient une disparition progressive de la cryptomonnaie. L’actif qui s’échange via la blockchain réputée sécurisée, instantanée et inviolable profite, par contraste, de la crise d’angoisse qui sévit sur le marché du capital-risque américain, et plus spécifiquement sur le marché obligataire qui pâtit du durcissement monétaire opéré par la Fed. Cela s’explique par une méfiance envers les institutions bancaires et provoque donc un regain de confiance envers le bitcoin, raison pour laquelle il a d’ailleurs été créé à l’origine. Le bitcoin reprend ici sa place de placement alternatif face à l’inflation que les banques centrales peinent à refluer partout dans le monde.

  • Les banques françaises sont-elles à l’abri ?

Sur l’ensemble de la semaine, BNP, Crédit Agricole et Société générale voient leur action plonger. Alors les Français doivent-ils s’inquiéter pour leurs économies ? Selon Philippe Brassac, le président de la Fédération bancaire française (FBF) et directeur général du Crédit Agricole, « les banques françaises sont très solides du fait de la régulation » et « il n’y a pas de mécanisme, comme il pouvait y en avoir dans le passé, de propagation ». Il a d’ailleurs ajouté que « les banques françaises sont quasiment toutes soumises à des règles spécifiques de prudence » comme des exigences de fonds propres, de liquidités, de gestion du risque de taux, a énuméré le représentant des banques françaises. 

  • Pour conclure, traversons-nous une crise bancaire ? 

Pour beaucoup, les effondrements du secteur bancaire ont évoqué le spectre de la crise financière de 2008, lorsque certaines des plus grandes banques américaines se sont effondrées, frappées par un déclin du marché immobilier américain, conduisant finalement à d’énormes renflouements gouvernementaux et à une récession économique mondiale. D’autres ont comparé la situation aux années 1980 – la dernière fois que l’inflation était aussi élevée et que la banque centrale américaine a relevé les taux à la hâte – ce qui a conduit à des années de faillites bancaires aux États-Unis connues sous le nom de crise de l’épargne et des prêts. Pour l’instant, de nombreux analystes disent penser que le choc sera contenu. Mais le monde des affaires était déjà nerveux quant à savoir si l’économie se dirigeait vers une récession, ce qui mettrait des millions de personnes au chômage. On s’attend maintenant à ce que les difficultés du secteur bancaire freinent les prêts. Donc, quel que soit le ralentissement en cours, il est probable qu’il s’aggrave.

🏠 Immobilier : faut il acheter maintenant ou attendre que les prix baissent ?

Acheter maintenant ou attendre 2024 ? C’est la question à laquelle les futurs propriétaires et investisseurs ont du mal à répondre dans le marché du logement d’aujourd’hui. Après des années de hausse ininterrompue, le marché immobilier ralentit. La Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim) annonce une baisse des signatures des compromis de vente de 7 % entre septembre et décembre 2022 par rapport à 2021. Alors on fait quoi ? 

Bien qu’il puisse être tentant de retarder l’achat d’une propriété jusqu’à ce qu’une meilleure offre arrive, rien ne garantit que les taux baisseront ou que les biens deviendront plus abordables en 2024. En ce qui concerne les prix des biens, une correction des prix devrait avoir lieu en raison d’une pénurie de biens. En effet, il manque près de 500 000 logements en France. Quant à la baisse des taux, si elle a lieu, elle pourrait également stimuler la demande, ce qui ferait probablement grimper les prix. Il est également important de noter que les tendances immobilières varient selon les régions, ce qui signifie que les prix des biens dans votre région pourraient ne pas baisser en 2023 ou 2024. En résumé, personne ne sait de quoi est fait demain. Si vous pouvez répondre oui à ces trois questions, c’est le moment d’acheter.

  1. Avez-vous un excellent dossier ?

Chaque fois que vous souhaitez emprunter de l’argent, vous devez commencer par monter votre dossier de crédit. Les meilleures offres de prêts seront disponibles pour ceux qui ont un bon dossier (taux d’endettement faible etc). Si vous avez démontré que vous êtes un emprunteur à faible risque, vous serez en ligne pour les taux les plus bas offerts par un prêteur.

  1. Avez-vous suffisamment économisé pour un apport ?

En plus de payer vos factures à temps, avez-vous également réussi à économiser une bonne somme d’argent ? Si vous êtes assis sur un acompte significatif, c’est un bon moment pour acheter. Assurez-vous cependant qu’il vous reste assez d’épargne ensuite. Les banques se sentent plus à l’aise de vous prêter de l’argent si vous avez des réserves de trésorerie qui peut fournir un coussin si quelque chose d’inattendu se produit.

  1. Est-ce le bien parfait ? 

Si le bien que vous avez trouvé rempli tous vos critères, pourquoi passer à côté ? Il est tellement difficile dans certaines régions de trouver le bien de ses rêves avec son budget et ses impératifs, qu’il faut parfois ne pas se poser trop de questions. 

Si vous souhaitez devenir propriétaire ou investir mais que vous attendez que les taux hypothécaires baissent, un peu de patience s’impose. Si vous souhaitez devenir propriétaire ou investir mais que vous attendez que les prix continuent de baisser, vous pourriez rater le point bas et avoir perdu du temps. Personnellement, je n’attendrais pas nécessairement pour voir si je peux obtenir la meilleure offre possible car il est très difficile de synchroniser le marché du logement. Certes, vous pourriez surpayer un peu à court terme si les prix venaient ensuite à baisser, mais si c’est un achat long terme (résidence principale ou investissement), cela ne fera pas beaucoup de différence.

🏦 Économie : le retour du quantitative easing ?

Alors que le système financier tremble, les banques centrales sortent la lance à incendie. Depuis la semaine dernière, les fragilités bancaires reviennent sur le devant de la scène, laissant craindre un risque de contagion et rappelant les mauvais souvenirs de la faillite de Lehman Brothers en 2008. Si le système est plus robuste qu’à l’époque, les grandes banques centrales ont néanmoins agi pour tenter de couper court à la panique. Alors serait ici les prémices d’un retour du quantitative easing ? 

Le quantitative easing (QE), également appelé assouplissement quantitatif en français, est une politique monétaire utilisée par les banques centrales pour stimuler l’économie en augmentant la quantité de monnaie en circulation. Il s’agit d’un processus par lequel la banque centrale achète des actifs financiers, tels que des obligations d’État ou des titres adossés à des créances hypothécaires, sur le marché afin d’injecter des liquidités dans le système financier. Le but du quantitative easing est d’abaisser les taux d’intérêt à long terme et d’encourager les investisseurs à prendre davantage de risques en investissant dans des actifs plus risqués, tels que les actions ou les obligations d’entreprise, afin de stimuler l’investissement et la croissance économique. En outre, le quantitative easing peut également aider à lutter contre la déflation en augmentant l’offre de monnaie en circulation et en stimulant la demande.

Le quantitative easing a été utilisé pour la première fois par la Banque du Japon en 2001 pour sortir le Japon de sa longue période de déflation. Depuis lors, d’autres banques centrales, notamment la Réserve fédérale américaine, la Banque d’Angleterre et la Banque centrale européenne, ont également utilisé cette politique monétaire pour stimuler l’économie. La Réserve fédérale américaine a commencé à mettre en place des programmes de quantitative easing en 2008 en réponse à la crise financière mondiale. La Fed a acheté des obligations d’État et des titres adossés à des créances hypothécaires pour un montant total de plus de 4 000 milliards de dollars jusqu’à la fin de son dernier programme de quantitative easing en 2014. 

Cette semaine c’est la Fed qui a introduit une nouvelle facilité de prêt pour assurer que les banques plus fragiles puissent disposer des liquidités pour honorer les demandes de retraits de leurs clients. Ce que Deutsche Bank considère comme une forme de quantitative easing. Alors doit-on s’attendre à un retour du QE? La Fed a annoncé que les banques frappées par une crise de liquidités avaient emprunté près de 300 milliards de dollars la semaine dernière. Avec ce renflouement, l’économiste Peter Schiff pense que le QE est de retour. Il prédit que l’inflation se dirige beaucoup plus haut parce que la Fed a anéanti près de quatre mois de resserrement quantitatif (QT) en une semaine. Selon Fortune , la Fed a alloué 143 milliards de dollars à des sociétés de portefeuille pour des banques en faillite telles que Signature Bank et la Silicon Valley Bank . Les sociétés de portefeuille utiliseront l’argent pour rendre les déposants entiers.

Ensuite, la Fed a prêté 148 milliards de dollars par le biais d’un programme appelé « fenêtre d’escompte ». Le montant est record par rapport aux emprunts habituels dans le cadre du programme. Selon The Guardian , seuls 4 à 5 milliards de dollars sont empruntés au cours d’une semaine donnée via la fenêtre d’escompte. Dimanche dernier, la Fed a inauguré le Bank Term Funding Program (BTFP) et prêté 11,9 milliards de dollars. Ce programme aide la banque à lever des fonds pour répondre aux besoins de tous les déposants. 

Au total, la banque centrale américaine a aidé le système bancaire avec près de la moitié du montant qu’elle a fait pendant la crise de 2008. Le mois dernier, la Banque populaire de Chine s’est également tournée vers le mode d’assouplissement quantitatif en injectant 92 milliards de dollars sur le marché. Il est peut-être encore tôt pour affirmer le retour du QE mais en tout cas une chose est sûre, cette politique monétaire fait bien partie des manœuvres prêtes à être utilisées par les banques pour calmer les différents incendies.

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