«Les prix de l’immobilier ne devraient pas baisser car les fondamentaux sont sains» – Stéphane DESQUARTIERS – Le REVENU
Stéphane Desquartiers, président du réseau d’agences immobilières «La Maison de l’investisseur», nous a accordé un entretien. Il décrit son quotidien de chef d’entreprise à l’heure du confinement et explique pourquoi la cote des logements devrait résister à la crise sanitaire malgré des volumes attendus en baisse en 2020.
Quelle est l’activité dans vos agences immobilières en cette période de confinement ?
Stéphane Desquartiers : Nos cinq agences (Lille, Bordeaux, Lyon, Paris VII, Paris XV) sont fermées. Nous n’avons pas le choix. Notre activité n’est pas «indispensable à la vie du pays».
Les visites de logement et les séances de signature (compromis ou promesses de vente, actes d’achat) chez le notaire ont toutes été reportées à une date ultérieure non précisée. Bien sûr, nous sommes disponibles pour répondre à nos clients par téléphone, mails, etc..
Quelques banques et courtiers arrivent encore à traiter des dossiers en cours mais les offres de prêt ne sont pas éditées.
Une crise inédite
En tant que chef d’entreprise, quel regard portez-vous sur les mesures de soutien de l’économie annoncée par le gouvernement ?
Stéphane Desquartiers : Ces mesures sont rassurantes, dans un contexte très anxiogène. Le report des charges, l’assouplissement des conditions de chômage partiel et l’indemnisation des indépendants vont dans le bon sens.
Ce qui m’inquiète, c’est la capacité de l’administration à gérer une telle surcharge de travail en période de confinement pour les fonctionnaires comme pour le reste de la population.
Une partie de notre personnel salarié est en chômage partiel mais je ne sais pas encore comment cela va se passer pour la paie de mars. Les salariés vont-ils être directement indemnisés par l’État ou l’employeur va-t-il devoir avancer les indemnités chômage et ensuite se faire rembourser ?
En termes de trésorerie, nous devrions pouvoir tenir si les signatures chez les notaires reprennent dans quelques semaines. Au-delà, cela va être tendu. Les commissions sur transaction représentent l’essentiel du chiffre d’affaires. Pas d’acte, pas de rentrée d’argent.
Valeur refuge
Comment va évoluer le marché immobilier ?
Stéphane Desquartiers : La crise est inédite et ses effets difficiles à prévoir. Après le confinement, le marché devrait repartir. Mais on ne fera pas un million de transactions comme en 2019.
Des entreprises vont être en difficulté et des salariés sous tension. Ce ne sera pas un climat propice à l’achat.
Pour autant, je ne vois pas les prix baisser parce que les fondamentaux demeurent sains : les taux sont bas, les rendements locatifs compétitifs, et la baisse des pensions des régimes obligatoires de retraite crée un besoin de revenus complémentaires. Inutile de parler de la notion de «valeur refuge» de la pierre.
L’immobilier va-t-il profiter de la chute de la Bourse ?
Stéphane Desquartiers : Non, pas directement. Anxiogène, la chute des marchés financiers sape le moral des acheteurs potentiels et n’est bonne pour personne.
En 2008, l’immobilier avait profité de la perte de confiance dans le système financier. Les particuliers puisaient dans leur contrat d’assurance vie pour investir dans des studios à Paris.
Mais aujourd’hui, la situation est très différente. On ne voit pas de queue devant les banques pour retirer de l’argent. Parce que la crise est sanitaire et non bancaire. La pierre n’a pas besoin de la baisse de la Bourse pour prospérer.
Le marché est bloqué
La segmentation du marché (agglomérations dynamiques sous tension, zones rurales désertées par les investisseurs) va-t-elle se poursuivre ?
Stéphane Desquartiers : Rien ne laisse présager le contraire. En zone tendue, quand une entreprise rencontre des difficultés, les salariés peuvent en changer. En zone détendue, le marché de l’emploi n’est ni assez dynamique ni assez fluide pour absorber un grand nombre de personnes licenciées.
D’où des prix de immobiliers au mieux stagnant et souvent en baisse. J’ai bien peur que cette situation perdure. Les marchés détendus vont souffrir.
Essayons de positiver si c’est possible : personne n’allait sortir gagnant de l’envolée des prix en zone tendue depuis cinq ans (+43% à Lyon, + 40% à Bordeaux, +36% à Nantes, + 34% à Paris). Le choc exogène (virus) va calmer un marché devenu inaccessible à des centaines de milliers de Français. Ce n’est pas un mal pour un bien. Mais la flambée de la cote dans les grandes agglomérations était intenable et pas souhaitable.
Un conseil aux investisseurs immobiliers en ces temps de crise sanitaire ?
Stéphane Desquartiers : Le marché est bloqué mais on va s’en sortir. Toute crise est synonyme d’opportunités. C’est un constat, pas un jugement.
Après le confinement, il faudra faire un point sur le stock de logements neufs. Les bulles de vente des promoteurs étant fermées, il ne peut qu’augmenter.
Dans l’ancien, tous les agents immobiliers le savent, il y a toujours des vendeurs qui sont pressés de vendre (divorce, succession, prêt relais arrivé à échéance). Mais on y est pas.
L’heure est à la mobilisation et au confinement pour endiguer la propagation du Covid-19.
Source : LE REVENU
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